Un certain
vendredi de printemps, un malheur est arrivé à une poignée d’hommes et de
femmes. Ils avaient mis tous leurs espoirs en Jésus. Mais Jésus est mort et ils
ont tout perdu. Même leurs raisons de vivre. Ils ont peur. Ils font de
l’angoisse. Ils se terrent. Ils s’enferment. Ils se cachent. Ils barrent les
portes à double tour. Ils n’ont pas dû dormir
beaucoup ces jours-là. Et leur sommeil devait être agité, plein de
cauchemars.
Leur maître
est mort, publiquement. Au vu et au su de toute la population de Jérusalem. Et
voilà qu’on leur annonce qu’il est vivant. Vivant… après être mort. Oui, après
être mort! Ils n’arrivent pas à croire cette incroyable nouvelle. Dans le
malheur, on croit difficilement au bonheur. Comment l’échec pourrait-il être un
succès? Comment la défaite pourrait-elle devenir la victoire? À un moment ou
l’autre de la tragédie, chaque disciple a dû réagir comme Thomas : le drame a
mal fini, n’essayez pas d’inventer une conclusion heureuse.
Mais voilà
que Jésus se tient au milieu d’eux. Au creux de leur souffrance, Jésus est
présent, bien vivant. À ces inquiets, à ces cœurs torturés, angoissés,
découragés, il dit : «La paix soit avec vous».
Le Ressuscité
ne dit pas qu’il n’y aura plus de malheur. Que la souffrance disparaît pour
toujours. Que le mal n’existera plus. Nous le savons bien, nous qui souffrons
depuis plus de deux mille ans. Nous vivons des déchirements et des séparations
malgré la victoire du Christ sur le mal.
En disant : «
La paix soit avec vous», Jésus annonce que le mal n’aura plus le dernier mot.
Nous parviendront au bout du rêve que Dieu projette pour nous. À Pâques, les
cadenas ont sauté. La nuit a cédé la place au matin. L’hiver s’est ouvert sur
un printemps. Ne soyez pas inquiets. N’ayez pas peur. La paix soit avec vous.
Heureux ceux
qui croient sans avoir vu. Heureux ceux qui croient même quand le malheur tente de leur fermer
les yeux.
Un chrétien
qui a laissé Pâques prendre racine en lui vit d’espérance. Il est serein. Il a
confiance. Il est audacieux. Il fait face à la musique avec courage. Dieu a le
dernier mot. Et c’est un mot en faveur de l’être humain. En notre faveur.
Denis Cagnon, o.p.