Un drame qui n’en finit pas
En juillet 1999, deux
jeunes Guinéens âgés de 14 et 15 ans avaient écrit une lettre aux «
responsables d’Europe », pour demander qu’on aide leur Afrique et qu’on leur
permette de faire des études : on les a retrouvés à Bruxelles, morts de froid
dans le train d’atterrissage d’un avion. En juin 2000, 60 Asiatiques essaient
de s’évader de leur lieu de misère : lorsqu’ils arrivent à Douvres, 58 d’entre
eux sont morts asphyxiés dans un container hermétiquement clos. Chaque année,
environ 1500 migrants périssent en Méditerranée, devenue un cimetière marin. La
tragédie est immense !
L’accueil des migrants
En juillet 2013, le pape
François décide de se rendre à l’île sicilienne de Lampedusa qui accueille
beaucoup de migrants. Voyage œcuménique, prophétique, avec des paroles fortes
qui secouent les consciences. François dénonce « la mondialisation de
l’indifférence », « l’anesthésie des cœurs ». Il interroge « Qu’as-tu fait su
sang de ton frère ? », « Qui a pleuré en voyant ces jeunes africains périr en
mer ? » Le patriarche de Constantinople trouve aussi les mots qui interpellent
: « Vous avez peur des réfugiés parce que vous ne connaissez pas leurs visages.
Vous avez peur parce que vous ne connaissez pas leurs enfants. Vous avez peur
parce que vous n’avez pas vu le regard de ces enfants ». Le pape prend dans son
avion du retour à Rome, trois familles de réfugiés musulmanes. Un signe fort !
Mais le fait d’avoir pris des musulmans et non des catholiques suscita critique
et incompréhension. Sans tarder, Le pape lance un vibrant appel aux catholiques
: que les familles, les communautés religieuses, les paroisses, les diocèses
s’ouvrent à l’accueil de l’étranger. Appel entendu. La communauté des
Spiritains où je vis, s’est montrée partie prenante, accueillant afghans,
irakiens, syriens, soudanais…Tous musulmans. Dans leur cœur, il n’y avait pas
de place pour la rancune, la vengeance ou la haine. Une bénédiction pour la communauté.
L’Eglise où qu’elle aille, quoiqu’elle fasse dans sa marche à travers les
siècles, ne peut se détacher de la parole de Jésus : « J’étais un étranger et
vous m’avez accueilli »
Une Eglise qui se porte là où le peuple
souffre, là où le sort de l’homme, de la femme et de l’enfant est en danger,
devient prophétique pour l’humanité.
Jacques Gaillot,
Evêque de Partenia
Paris, Mai 2019