Méditation sur Job

La souffrance, on ne le sait que trop, est bien une réalité universelle : partout et toujours jaillissent de tant de poitrines les mêmes cris, les mêmes hurlements parfois, sans compter la foule innombrable de ceux qui ne souffrent pas dans leur propre chair, mais pleurent devant la souffrance et la mort des autres.
Dans la Bible, le livre de Job est ce cri de l’homme déchiré dans son corps et dans son âme, celui de l’humanité aux prises avec le malheur et les questions sans réponse. Job, c’est l’homme de douleur, celui que nous sommes tous, plus ou moins, un jour ou l’autre ; dans nos hôpitaux, dans l’angoisse et la solitude des mourants, dans la détresse de nos deuils, dans la misère des lieux de la faim et de la soif, dans la violence de nos guerres et de nos barbaries… partout où quelqu’un souffre.
Ouvrir le livre de Job, c’est prendre un risque, un double risque. Risque d’être à nouveau confronté à la souffrance inutile, insupportable. Risque d’y mêler Dieu que l’on appelle quand on ne sait plus à quel saint se vouer, qu’on interpelle pour comprendre l’inimaginable. Dieu qui échappe, se tait, disparaît. Car nous avons des images de ce qu’il devrait faire ou permettre. Job agite ces questions.
Si nous avons ouvert le livre de Job dans l’espoir de savoir enfin d’où viennent tous les malheurs de l’humanité, nous avons été déçus ! Le livre de Job, admettons-le, ne répond pas à la question sur l’origine de la souffrance. En revanche, nous avons pu noter, au fil des pages, quelques messages forts. D’abord : Gémir, pleurer, prier… non, ce n’est pas lâche ! Ensuite : Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées. Mais surtout : Job est un homme d’espérance.
Son espérance à lui, c’est de tenir, tenir, tenir quand même. Il attend : il attend que justice soit faite, parce que ce n’est pas juste, ce qui lui arrive ; il attend d’être compris, soulagé, soigné, guéri, ramené à la vie, à la santé, à la dignité ; il attend surtout d’être entendu et pas par n’importe qui : il attend Dieu lui-même !
Et, à la fin, sa ténacité est récompensée : Dieu se montre, Dieu lui parle. Alors Job, enfin, peut se taire, apaisé, toute sérénité retrouvée… Il a bien fait d’attendre. Et Dieu aimerait, peut-être, que les bien portants, les sans-problème entendent comme lui les cris des malheureux.
Anonyme