Dans
la Bible, le livre de Job est ce cri de l’homme déchiré dans son corps et dans
son âme, celui de l’humanité aux prises avec le malheur et les questions sans
réponse. Job, c’est l’homme de douleur, celui que nous sommes tous, plus ou
moins, un jour ou l’autre ; dans nos hôpitaux, dans l’angoisse et la solitude
des mourants, dans la détresse de nos deuils, dans la misère des lieux de la
faim et de la soif, dans la violence de nos guerres et de nos barbaries…
partout où quelqu’un souffre.
Ouvrir
le livre de Job, c’est prendre un risque, un double risque. Risque d’être à
nouveau confronté à la souffrance inutile, insupportable. Risque d’y mêler Dieu
que l’on appelle quand on ne sait plus à quel saint se vouer, qu’on interpelle
pour comprendre l’inimaginable. Dieu qui échappe, se tait, disparaît. Car nous
avons des images de ce qu’il devrait faire ou permettre. Job agite ces
questions.
Si
nous avons ouvert le livre de Job dans l’espoir de savoir enfin d’où viennent
tous les malheurs de l’humanité, nous avons été déçus ! Le livre de Job,
admettons-le, ne répond pas à la question sur l’origine de la souffrance. En
revanche, nous avons pu noter, au fil des pages, quelques messages forts.
D’abord : Gémir, pleurer, prier… non, ce n’est pas lâche ! Ensuite : Les
pensées de Dieu ne sont pas nos pensées. Mais surtout : Job est un homme
d’espérance.
Son
espérance à lui, c’est de tenir, tenir, tenir quand même. Il attend : il attend
que justice soit faite, parce que ce n’est pas juste, ce qui lui arrive ; il
attend d’être compris, soulagé, soigné, guéri, ramené à la vie, à la santé, à
la dignité ; il attend surtout d’être entendu et pas par n’importe qui : il
attend Dieu lui-même !
Et,
à la fin, sa ténacité est récompensée : Dieu se montre, Dieu lui parle. Alors
Job, enfin, peut se taire, apaisé, toute sérénité retrouvée… Il a bien fait
d’attendre. Et Dieu aimerait, peut-être, que les bien portants, les
sans-problème entendent comme lui les cris des malheureux.
Anonyme